LE PRINTEMPS
Vers le milieu du mois de FEVRIER, en avance sur le calendrier, apparaissaient souvent les premiers signes avant-coureurs du printemps. Ils ne manquaient pas dans la nature. Le paysan est habile à les déchiffrer. Le comportement du cornouiller, par exemple, en est un. Il était l'objet d'une attention particulière. En fait, c'est lui qui réglait le temps des veillées. Les proverbes l'attestent. Il les inaugurait : on le verra plus loin. Mais en février, il en fixait plutôt le terme.
Quand la cornolha es florida, qui ta la cornolha e vai t ' en dormir.
Quand le cornouiller est fleuri, laisse là ta quenouille et va-t’en dormir.
Les premiers chants d'oiseaux, leurs premières poursuites éperdues dans les buissons, étaient aussi des indices qui ne trompaient pas.
D'ailleurs, les jours avaient considérablement allongé depuis Noël. Ils permettaient de faire dans les champs d'appréciables travaux.
Al mes de febrièr, jornal entièr.
Au milieu de février, journée de travail entière.
La neige se faisait rare. Si, d'aventure, il en tombait, elle fondait très vite.
Al mes de febrièr, la nèu fuch coma un lebrièr.
Au mois de février, la neige fuit comme un lévrier.
Toutes les conditions favorables étaient donc réunies pour une reprise, même timide, des travaux champêtres.
C'est à ce moment-là que l'on commençait à "pelle-verser", c'est à dire bécher (palabaissar). Technique certes bien primitive, mais largement répandue à l'époque pour deux raisons principales : elle ne nécessitait pas d'attelage et, de plus, elle était plus efficace, la bêche fouillant le sol plus profondément que l'araire qui ne faisait que gratter la surface, "écrire" comme disait joliment, parmi tant d'autres, "Bergon lo campanier" qui était aussi journalier et qui labourait avec une ânesse.
Car on utilisait aussi, bien sûr, l'antique araire. Cet instrument, vieux comme le monde puisqu'on le rencontre comme motif d'ornementation sur les sarcophages des pharaons, se composait de plusieurs parties
"La guida", ou le timon, quand il s'agissait de l'araire dite "entier" ou "entièra"
Et qui était remplacé partiellement par des chaînes dans le cas "del. trossat-", de ce fait plus mobile et plus apte à creuser en profondeur.
"Lo cambet" qui était soit l'âge en entier, soit la partie recourbée du timon pour les araires primitifs entièrement en bois, alors que par la suite la courburefut assurée par une pièce métallique. Quand on choisissait un arbre pour le transformer en araire, on disait :« Cal que fasque cambet », "il faut qu'il présenteun arrondi".
" La relha", la reille, pièce de fer, en forme de triangle, non pointue mais camarde à son extrémité, et qui était destinée à ouvrir la terre et tracer le sillon.
« Lo cairel », qui n'est rien d'autre que la pointe de la reille. "Lo dental", ou la pièce enbois qui portait sur la terre.
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