L’ETE
Les proverbes ne manquent pas touchant le mois de JUIN. C'est un signe qui ne trompe pas : il souligne l'importance que revêtent aux yeux du paysan les conditions atmosphériques à cette époque. Ce n'est pas étonnant : les récoltes sont en pleine croissance. Le moment est donc décisif.
- La pluie est particulièrement redoutée :
Quand lo Causse noirit la ribièra.
Misèra entièra !
Quand_le.Causse nourrit la Rivière,
Misère complète
Le froid en est le signe précurseur :
Lo frech de l’estiu mena l'aiga at riu
Le froid de l'été mène l'eau à la rivière.
Les ondées à cette époque favorisent certes les cerises et le foin. Mais leur abondance justement n'est pas de bon augure, tant s'en faut :
Annada de cerèisas, annada de misèra
Annada de fen, annada de ren.
Année de cerises, année de misère,
Année de foin, année de rien.
La pluie de la Saint Médard (6 juin) surtout est néfaste, car elle entraîne inévitablement, sauf intervention de Saint Barnabé (11 juin), un déluge ininterrompu de quarante jours :
Se plètu per la Sant Medard, pLèu quatanta jorns pus tard.
Se la Sant Barnabé li cὁpa pas los pès.
S'il pleut à la Saint Médard, il pleut quarante jours plus tard, A moins que Saint Barnabé ne lui coupe les pieds.
C'est qu'en effet ce Saint Protecteur peut opérer un redressement "in extrémis" de la situation. S'il ne le fait pas, c'est la catastrophe :
Quand plèu per Sant Medard
Las viandas venon de mitat.
Quand il pleut à la Saint Medard,
Les récoltes ne viennent qu'à moitié.
Car le soleil est indispensable en cette période de l'année qui est, par excellence, celle de la luxuriance végétale. Partout, en effet, la vie explose et se fait envahissante. Elle encombre les chemins d'herbes et de ronces, elle ferme les "pas" qui donnent accès aux jardins et aux prés, elle comble les fossés, fait disparaître les talus, rend opaques les haies et transforme les bois en masses sombres impénétrables. Surtout, elle rend les prairies semblables à des océans aux vagues multicolores ondulant comme la houle sous le souffle du vent. Pour cela, il faut certes que la végétation baigne ses pieds dans l’eau, mais que sa tête aussi brille au soleil. Aussi :
Dius nos garda de la secada de Pentacosta
Et dels plojasses de Sant Jan
Dieu nous garde de la sècheresse de Pentcôte
Et des ouragans de la Saint-Jean !
- Précédent
- Suivant >>







